Interview '5 minutes avec' - Jean-Paul Jeckelmann

28/04/2021

Immoday

Rédaction

3 min

Pour l'interview '5 minutes avec' nous recevons aujourd'hui Jean-Paul Jeckelmann, responsable des investissements de la banque Bonhôte.

'5 minutes avec' est une série d’interviews destinées à faire connaitre les acteurs de la titrisation immobilière en Suisse.



Jean-Paul Jeckelmann, qui êtes-vous professionnellement ?

Je travaille depuis plus de 25 ans à la banque Bonhôte, une banque privée sise à Neuchâtel, où je suis responsable des investissements, dont, entre autres, les investissements immobiliers et la gestion de notre fonds immobilier, Bonhôte-Immobilier.
 

Vous êtes actuellement en télétravail ?

Oui, en partie, comme bon nombre des collaborateurs de la banque, c'est une nouvelle façon de fonctionner.
 

Pourtant, télétravail, c'est aussi la fin des immeubles de bureaux, ce qui pourrait pénaliser votre fond immobilier

On a tous constaté qu'on ne peut pas totalement délocaliser le travail. Je passe quand même trois ou quatre jours par semaine au bureau, où j'ai des documents à signer, des gens à voir, de l’information à faire circuler, ce qu'il est beaucoup plus difficile de faire à distance. On ne peut pas tout digitaliser, on ne peut pas tout traiter par téléphone. Donc, les bureaux ne vont pas disparaître.
 

Ces bureaux, vous les occupez maintenant depuis plus de 25 ans. On arrive à se motiver en restant aussi longtemps ans dans la même entreprise à s’occuper, entre autres, d’immobilier ?

En fait, j'ai accompagné le développement de la banque. Quand j'ai commencé, on était une douzaine, et maintenant nous sommes près d'une centaine de collaborateurs. Ce qui fait qu'on a tout le temps des nouveaux projets, des nouveaux produits à lancer, on s’est aussi étendu géographiquement. Tous ces nouveaux défis me gardent motivé.
 

La banque Bonhôte est une banque privée neuchâteloise, elle possède pourtant un vrai fonds immobilier. C'est assez étonnant.

C'est dû à des opportunités historiques. Notre fonds, Bonhôte-Immobilier a été lancé il y a 15 ans, juste après la crise des années 2000, quand les banques centrales ont commencé à baisser leur taux d'intérêt. On anticipait déjà, à terme, que le client aurait besoin de trouver des sources de rendement pérennes. Il y avait aussi des problèmes de fiscalité, pour nos clients, qui peuvent être plus facilement résolus avec un fond placement tel que le nôtre. Sans oublier qu'un fonds immobilier est une bonne protection contre l'inflation, grâce à l'augmentation du prix des actifs. Aujourd'hui, les investisseurs qui sont rentrés dans le fond dès son lancement ne le regrettent pas : entre les rendements et l'augmentation de la valeur des parts, ils ont quasiment doublé leur mise. Et ceci net d'impôts.

Combien de personnes s'occupent de l'immobilier dans la banque ?

Une équipe de 4 personnes. Ce n'est pas beaucoup par rapport à la centaine de collaborateurs, mais, pour nous, c'est un joli complément à notre activité principale, la gestion de fortune.
 

Et vous personnellement, combien consacrez-vous de temps à l'immobilier ?

Il y a vraiment beaucoup à faire. En tout je pense que ça me prend 20 % de mon temps. Et parfois beaucoup plus comme, l’année dernière, avec notre augmentation de capital.

Quelles sont vos craintes concernant le secteur ?

On sait que la valeur de l’immobilier est fortement dépendante des taux d'intérêt. Avec toutes les liquidités qui ont été injectées ces derniers mois dans l'économie par les banques centrales, j'ai un peu peur de poussées inflationnistes, et donc des tensions sur les taux, ce qui pourrait entraîner des pressions sur le marché immobilier. Si on s'intéresse plus spécifiquement à la Suisse, je trouve que le marché est devenu un peu déséquilibré avec trop d'offre par rapport à la demande, ce qui implique une pression sur les loyers. Mais je pense qu’on devrait retrouver l’équilibre dans les 2 ou 3 ans.
 

Vraiment?

Oui, on voit déjà aujourd'hui une baisse des demandes de permis de construire et des nouveaux projets. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut s'arrêter totalement de construire, car il faut renouveler un parc qui vieillit immanquablement.
 

Et vos espoirs?

Que les taux restent hauts le plus longtemps possible, ce qui va rétablir le calme dans le marché immobilier, avec des niveaux de prix qui resteront élevés. Et puis, si le télétravail s'implante durablement, cela va redessiner un peu nos besoins en immobilier, avec des gens qui seront d'accord d'habiter plus loin, parce qu'ils ne seront plus obligés de venir au bureau tous les jours. Ce qui va les inciter à changer de logement, pour emménager dans un appartement plus agréable, mieux placé pour profiter  de la vie. Ça donnera des opportunités pour les investisseurs immobiliers.

 
 
Olivier Toublan pour Immoday