Interview '5 minutes avec' avec Nicole Surchat-Vial

12/01/2022

Olivier Toublan

Immoday

5 min

Pour l’entretien '5 minutes avec' d’aujourd’hui, nous accueillons Nicole Surchat-Vial, administratrice Gefiswiss

 

'5 minutes avec' est une série d’interviews destinées à faire connaitre les acteurs de la titrisation immobilière en Suisse.
 

Nicole Surchat-Vial, qui êtes-vous ?


Je suis une architecte et une urbaniste. J’ai commencé par un diplôme de l’EPFL en architecture, et je suis venue à l’urbanisme plus tard, entre autres avec un doctorat sur cette thématique, à l’Université de Genève. Après mes études, j’ai commencé à travailler comme architecte indépendante, puis j’ai fait carrière dans l’administration. Un premier poste comme responsable du service de l’urbanisme de la ville de Rolle, puis cheffe de service du développement territorial du canton de Vaud, directrice de l’office de l’urbanisme du canton de Genève, et enfin architecte de la ville de Fribourg. Depuis deux ans, je suis redevenue indépendante, j’enseigne, je participe à des jurys, et je fais partie de quelques conseils d’administration, dont celui de Gefiswiss.

 

Un CV impressionnant. Vous avez préféré être indépendante ou fonctionnaire ?


Quand on travaille comme architecte indépendante et qu’on conçoit un bâtiment de A à Z, le levier d’action est plus grand. Quand on travaille comme urbaniste pour une communauté publique, à développer des plans directeurs cantonaux ou des plans de quartier, c’est passionnant, mais il faut faire converger une myriade d’intérêts différents, ce qui prend du temps. On doit sans cesse convaincre, et il faut autant de psychologie que de capacités techniques.

 

Sur un plan plus personnel, qui êtes-vous ?


Je suis fribourgeoise, née dans la commune de Rue, ce qui était peut-être prémonitoire pour ma future carrière. J’ai deux enfants désormais adultes, et j’habite actuellement à Genève, après avoir longtemps habité à Fribourg. J’aime beaucoup la montagne, le ski et la randonnée. Mais j’aime aussi le lac, où je fais de l’aviron.

 

Vos principaux traits de caractère ?


Je suis rapide, parfois trop me disent certains collègues. J’ai beaucoup d’énergie, et j’ai envie que ça avance, ce qui est d’ailleurs parfois un peu problématique quand on travaille dans une administration. J’ai mis du temps à m’y faire, mais je n’ai pas perdu mon énergie.

 

Etre une femme, dans un monde, l’Immobilier, qui reste très masculin, ça a posé problème ?

 

Je dois vous avouer que les premières années de ma pratique d’architecte, quand je faisais les visites de chantiers, c’était vraiment très dur. Aujourd’hui, ça s’est assoupli un peu. Ensuite, quand j’ai travaillé dans l’urbanisme, l’environnement était beaucoup plus mixte, c’était plus facile. Ceci dit, il y a aujourd’hui plusieurs initiatives très intéressantes, comme le Cercle suisse des administratrices, dont je fais partie, qui ont permis d’ouvrir de nombreuses portes pour les femmes qui veulent prendre des responsabilités. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais la tendance est positive.
 

 

Revenons au sujet qui nous intéresse, l’immobilier indirect. Vous êtes administratrice de Gefiswiss. Comment est-ce que vous définiriez cette entreprise ?
 

La société a été fondée en 2008. Pour nos investisseurs, qui sont essentiellement des caisses de pension, nous identifions et nous analysons des projets immobiliers, principalement en Suisse romande, nous pilotons ensuite leur réalisation puis leur exploitation. Avec une exigence forte, très importante pour nous, la durabilité. Qui concerne tous les aspects, l’énergie, la manière de construire, le traitement des eaux, etc. Nous cherchons vraiment à construire de l’immobilier responsable.

 

Quelle est la taille du parc immobilier que vous avez développé ?
 

Il représente environ 1500 logements, d’une valeur de plus d’un milliard de francs. Essentiellement des immeubles neufs, mais nous avons aussi fait quelques transformations d’immeubles déjà existants. Tout cela dépend des projets et des opportunités.

 

Comment analysez-vous la situation actuelle de l’immobilier suisse ?
 

Je vous parle du point de vue de l’architecte et de l’urbaniste, pas de l’investisseur. On a connu un fort ralentissement début 2020, avec l’arrivée de la pandémie, et de nombreux projets ont été retardés. Des retards qui sont aujourd’hui en train d’être résorbés, dans un marché de nouveau très actif. Pour les promoteurs et les investisseurs, la plus grande difficulté reste de trouver des bonnes opportunités, par exemple des terrains bien situés, proches des transports publics, avec des possibilités de mobilité douce, et la présence de services et d’équipements adéquats. Ce qui est essentiel, quand, comme nous, on a des fortes exigences de durabilité.

 

Quelles sont, selon vous, les forces et les faiblesses du marché suisse ?
 

La principale faiblesse, de mon point de vue d’urbaniste, c’est que l’on hérite de plans de quartier dont la conception date d’il y a 10 ans, et qui n’ont pas intégré toute la nouvelle problématique de la durabilité, par exemple la mobilité, le nombre de places de parc, la perméabilité des sols, l’approvisionnement en énergie ou l’aspect paysager du quartier. Il y a beaucoup de travail à faire sur ce point avec les urbanistes des communes et des cantons. Quant à la principale force du marché, c’est que l’économie Suisse est florissante, ce qui soutient tout secteur immobilier.

 

Finalement, comment voyez-vous l’évolution de ce marché immobilier ?
 

À court terme, il y aura un effet de rattrapage après le ralentissement de 2020. Sur le moyen terme, on va s’orienter vers des quartiers plus durables, qui prennent mieux en compte toutes les contraintes écologiques. Du côté des investisseurs, la pierre reste une valeur extrêmement sûre. Pour preuve, les derniers projets que nous avons lancés chez Gefiswiss ont rapidement trouvé un financement.
 
 

Olivier Toublan pour Immoday