Belle effervescence au Congrès CIFI
05/12/2024
4 min
Des orateurs de premier ordre se sont succédé devant plus de 200 acteurs des secteurs immobilier et financier, à l’occasion de la quatrième édition de l’événement. Avec notamment une table ronde portant sur la pénurie de logements.
“Si vous croyez que vous avez des problèmes avec l’immobilier, sachez que ce n’est rien…” Parole d'économiste! Devant une assemblée conquise, l’éminent professeur Stéphane Garelli a décrypté l’effet domino de l’économie fracturée, “globale mais très difficile à gérer”.
Entre la chute vertigineuse de l’immobilier en Chine, les pays multi-alignés, la professionnalisation de la cybercriminalité ou encore les attentes différentes des millenials en matière de carrière, le spécialiste des marchés internationaux s’est largement penché sur la tectonique économique. Non sans une bonne dose d’humour propice à rendre cette thématique plus digeste.
Dès lors, sur quel principe faut-il miser pour l’avenir? “On va passer de l’efficacité à la fiabilité”, présage le chercheur qui enseigne à l’IMD (International Institute for Management Development) ainsi qu’à l’Université de Lausanne. Cette présentation, aussi riche que haute en couleur, a pris place au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne le 15 novembre, dans le cadre du Congrès immobilier et financier organisé par CIFI.
Manque systémique d’habitations
En plat de résistance, le public a pu assister à une table ronde à propos de la pénurie de logement. Un sujet des plus préoccupants vu qu’il s’agit de la seconde source d’inquiétude des Suisses, juste après les assurances maladie. A l’échelle du pays, le taux de vacance se situe à 1,08. “On se trouve dans une situation similaire à celle d’il y a dix ans”, n’a pas manqué de rappeler Martin Tschirren, directeur de l’Office fédéral du logement.
“Cette pénurie, elle est systémique, a pour sa part dépeint Jessica Jaccoud, avocate et conseillère nationale socialiste. Elle est qualitative et quantitative.” Côté locataires, la multiplication des familles fragmentées ainsi que le lock-in (le fait de conserver un logement devenu trop grand car déménager coûterait trop cher) ont une incidence significative. Une solution rapidement applicable consisterait donc à favoriser l’échange d’appartements, déjà au niveau de chaque parc immobilier, à l’instar du projet pilote lancé par la Ville de Lausanne ou de plateformes digitales. La transformation de bureaux en habitations constitue également une alternative rapidement réalisable.
A plus longue échéance, on voit apparaître le besoin impérieux de constructions nouvelles. Afin de limiter la défiance auprès des habitants établis, les collectivités publiques ont un rôle à jouer. La membre ASLOCA estime donc qu’elles doivent “rattraper le retard sur des infrastructures de base et rassurer la population”. Quant à accélérer les procédures ou durcir les conditions d’oppositions, ces deux propositions n’ont obtenu les faveurs d’aucun des trois participants: les concertations sont en effet plus dans l’air du temps. Et ce malgré le caractère endémique de la problématique. “La population, c’est comme l’eau. Elle va où elle peut aller, elle s’adapte, a relevé Cécile Berger Meyer, avocate et vice-présidente du SVIT (Schweizerische Verband Suisse der Immobilienwirtschaft). Avec tous les problèmes d’infrastructures, de mobilité et de pollution que l’on connaît.”
Nouvelles perspectives
Trois paramètres mûrement réfléchis quand il a été question d’élaborer les contours du futur PAV (Praille Acacias Vernets), visant à régénérer toute une zone industrielle pour y implanter quelque 12000 habitants. “A Genève, c’est la dernière zone qu’on peut urbaniser”, a introduit Vinh Dao, directeur général de la Fondation PAV, qui se charge notamment des négociations avec les entreprises invitées à déménager et de l’attribution des droits de superficie. De quoi faire place également à l’innovation. “On est dans une logique de coconstruction avec les investisseurs.”
C’est sur un terrain quelque peu plus escarpé que s’est engagée Roxane Montagner, responsable Suisse romande pour CIFI, puisqu’elle s’est attaquée à l’immobilier de montagne où l’ascension des prix s’avère vertigineuse. “On va vers du + 10% à Zermatt, a pointé l’experte en énumérant la Covid, le télétravail et la Lex Weber comme éléments explicatifs. L’offre ne soutient clairement pas la demande.” Partant de cette envolée, quelle sera la prochaine bulle? “Le problème des bulles c’est que, comme pour l’éclair, on ne sait qu’après où ça tombe, a prudemment répondu le professeur Donato Scognamiglio, président du conseil d’administration de CIFI. Si tout le système est basé sur cette forte demande, le jour où ça change, il y aura une correction.”
Pas de quoi plomber cette belle journée partagée entre conférenciers de qualité et réseautage fort appréciés. “Nous avons eu le plaisir d’accueillir plus de 210 acteurs immobiliers qui ont contribué à faire de cet événement une expérience enrichissante et agrémentée d’échanges et de convivialité”, salue pour sa part Fabien Nussbaum, responsable du congrès et Senior Associate Consultant auprès de CIFI. Compte tenu de ce succès, le rendez-vous sera à coup sûr reconduit l’année prochaine.