On possède les technologies pour arriver aux objectifs 2050

08/09/2022

Immoday

Olivier Toublan

5 min

 

Comment atteindre, en 2050, les objectifs de neutralité carbone fixés par la Confédération ? Certains gérants de fonds immobiliers estiment que c'est impossible, d'autres assurent que les technologies existent, mais qu'il manque une réelle volonté de la part du secteur.

 

Les objectifs 2050 de neutralité carbone de la Confédération inquiètent certains gérants de fonds immobiliers. Car si l'on devrait pouvoir les atteindre avec les immeubles neufs, avec les immeubles anciens, c'est une autre paire de manche. En particulier quand ces immeubles sont classés, et que l'on ne peut pas, par exemple, toucher aux façades.
 

Alors, impossible d'arriver à la neutralité carbone en 2050 ? Tout le monde n'est pas de cet avis. C’est le cas de Boris Clivaz, le CEO de Gefiswiss, un Asset Manager basé à Lausanne, spécialisé dans la gestion et le développement de projets immobiliers sous forme de véhicules de placement collectifs. Pour Boris Clivaz, les technologies existent, et les objectifs 2050 sont atteignables. Ils représentent aussi une formidable opportunité d'investissement pour tout le secteur immobilier. D'ailleurs, Gefiswiss vient de lancer un fonds de transition énergétique pour développer des projets d'infrastructures énergétiques durables.

 

Boris Clivaz, si l'on en croit votre site internet, Gefiswiss est essentiellement actif dans l'immobilier durable et la transition énergétique. C'est du marketing ? 
 

Avec Gefiswiss, nous voulons avoir un impact. Simplement acheter des immeubles pour faire grandir un fonds immobilier, ça ne m'intéresse pas. Ce qui m'intéresse, c'est d'avoir une véritable politique durable et sociale pour les immeubles que nous construisons ou que nous rénovons. Ce n'est pas toujours évident, ce n'est pas toujours le plus rentable, mais c'est ce qui me tient à cœur.

 

Bon nombre de gestionnaires de fonds assurent, souvent off, que les objectifs 2050 de la Confédération ne sont pas atteignables. 
 

Et je ne suis pas du tout d'accord avec eux, puisque, aujourd'hui, les technologies existent pour arriver à la neutralité carbone en 2050.

 

Même pour les immeubles anciens ? 
 

Je ne dis pas que ça va être facile, mais, je le répète, c'est possible. On peut agir sur la quantité d'énergie utilisée - souvent difficile à réduire dans un immeuble ancien - mais aussi sur sa qualité. Si elle provient d'une source renouvelable, elle va émettre très peu de carbone.

 

Encore faut-il que l'on ait accès à cette énergie renouvelable. 
 

C'est un autre problème. Les services industriels, qui ont souvent le monopole dans leur ville, ne sont pas toujours ni très enthousiastes ni très rapides en ce qui concerne la transition énergétique. Et ils rechignent souvent à travailler avec le privé.

 

Et pourtant, vous venez de lancer un fonds d'infrastructure énergétique. 
 

Oui, un fonds de transition énergétique. On y travaille depuis 2 ans.

 

Il existe déjà plusieurs fonds d'infrastructure. En quoi le vôtre est-il différent ? 
 

La plupart des fonds d'infrastructure ne s'intéressent qu'aux projets de très grande taille, qui nécessitent des investissements se chiffrant souvent en centaines de millions de francs. C'est bien. Mais si l'on veut avoir de l'impact en matière de consommation d'énergie, il ne faut pas oublier tous les petits projets locaux qui, multipliés, vont aussi permettre de faire la différence. Ce sont ces petits projets qui nous intéressent.

 

Vous arrivez à convaincre les investisseurs ? 

 

Nous avons déjà levé 25 millions de francs, avec un objectif de 50 millions à la fin de l'année. Essentiellement des institutionnels. Ensuite, nous aurons besoin de 3 ans pour investir ces fonds dans divers projets, avec l'objectif d'atteindre une rentabilité de 3,5 % net. A plus long terme, nous voulons faire des augmentations de capital régulières, de 30 millions par année.

 

Pour réaliser ces projets, vous allez devoir convaincre les communes, qui ne sont pas toujours très chaudes pour collaborer avec le privé. 
 

C'est effectivement le cas dans les grandes agglomérations, et c'est pourquoi nous visons les communes entre 3’000 et 12’000 habitants. Elles sont souvent un peu oubliées par les grands projets, mais elles ont néanmoins, elles aussi, la volonté de réaliser leur transition énergétique. Malheureusement, elles n'ont souvent pas les capacités internes et ne savent pas toujours à qui s'adresser.

 

Nous voulons être leur partenaire, que ce soit sur le plan juridique, financier ou technique, en leur amenant des projets quasiment clé en main, pour des parcs d'immeubles ou des installations publiques, avec une technologie moderne, qui permet de diminuer de manière conséquente la consommation d'énergie, grâce à des réseaux de chaleur basse température, des pompes à chaleur, associés avec des panneaux solaires installés sur les immeubles.

 

Vous avez déjà lancé des projets concrets ? 
 

Nous sommes en discussion avec plusieurs communes. Mais ça prend du temps, car ce que nous voulons faire est complexe. C'est beaucoup de travail, pour chaque projet.

 

Il y a vraiment un marché ? 
 

J'en suis convaincu. D'ailleurs, un récent rapport de la Confédération indique qu'il faudra plus de 100 milliards d'investissements pour arriver aux objectifs 2050 de neutralité carbone.
 

Olivier Toublan, Immoday