Des cartes interactives pour connaître la durabilité du parc immobilier de votre commune

09/01/2023

Immoday

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Il est désormais possible de connaître la part d’énergie renouvelable et la quantité de gaz à effet de serre émise dans chaque commune de Suisse, grâce à un outil interactif développé par Navitas Consilium, un bureau de conseil basé en Valais.

 

Aujourd'hui, pour tous les investisseurs, les propriétaires et les communes, la durabilité de l'immobilier est devenue prioritaire. C'est que les objectifs 2050 de neutralité carbone se rapprochent et que, pour y arriver, le chemin à faire est encore considérable. 
 

On en a une nouvelle preuve avec l'outil interactif récemment mis à disposition par Navitas Consilium, un bureau de conseil en énergie-climat basé en Valais. 
 

Grâce aux données du Registre fédéral des bâtiments et des logements publiées par l'Office fédéral de la statistique, et aux compétences des experts valaisans qui ont interprété et agrégé toutes les informations - elles concernent pas moins de 3 millions d'immeubles - il est désormais possible de visualiser, à l'aide de cartes en ligne, pour chaque commune, la part d'énergie renouvelable utilisée par le parc immobilier, ainsi que la quantité d'émission de gaz à effet de serre générée pour chauffer le bâti. 

 

Les grandes villes, mauvaises élèves 
 

Commençons par la part d'énergie renouvelable.
 

La ville suisse la mieux placée, selon les sources utilisées et les calculs de Navitas Consilium, est Lausanne, avec un taux d'énergie renouvelable de 28%. La pôle position de la capitale vaudoise n'est pas vraiment une surprise d'ailleurs, comme l'explique Gabriel Ruiz, directeur du cabinet de conseil. Lausanne possède en effet un important réseau de chaleur à distance historique, relié à sa principale usine d'incinération des déchets. 
 

La pire à ce jour est Genève, avec un taux d'énergie renouvelable de seulement 4%. Le reste, c'est de l'énergie importée, essentiellement fossile en parlant du mazout et du gaz, ou de l'électricité non renouvelable. Donc rien de très durable.
 

Entre ces deux extrémités, les autres grandes villes de Suisse qui, toutes, sans exception, sont encore très loin d'une prochaine neutralité carbone. Qui nécessiterait, bien évidemment, un taux beaucoup plus élevé d'utilisation d'énergie renouvelable locale par le biais de panneaux solaires, , de pompes à chaleur, de chauffage à distance, ou de système au bois. 

 

Pas mieux du côté de la consommation de CO2
 

Du côté des émissions de gaz à effet de serre, la situation n'est guère plus reluisante, comme le montrent les cartes mises à disposition par Navitas Consilium.
 

En ce qui concerne le parc bâti, qui représente près de 40 % de la consommation énergétique totale du pays, on est encore, sans surprise, très loin du compte (avec un objectif de zéro émission net d’ici à 2050, imposé par la Confédération, pour satisfaire les objectifs de l'accord de Paris). En effet, les grandes villes sont toujours d'importantes émettrices de gaz à effet de serre.
 

Berne fait figure de bon élève, avec des émissions de 23 kgCO2/m2, suivie par Lausanne (24). Genève et Lugano se retrouvent en queue de peloton, avec respectivement des émissions de 35 et 37 kgCO2/m2. 
 

Bref, comme l'explique Navitas Consilium, le parc bâti des grandes communes de Suisse a encore du chemin à faire avant d'atteindre la neutralité carbone, à commencer par consommer moins (principe de sobriété) à défaut de pouvoir consommer des énergies renouvelables. 

 

La situation pourrait évoluer rapidement
 

Ceci dit, la situation actuelle devrait évoluer rapidement, dans le bon sens, assure Gabriel Ruiz. Pour lui, les villes, qui pendant longtemps ont misé sur les énergies de réseau et les systèmes individuels fossiles, en raison de leur faible encombrement et de leur densité énergétique importante, ces villes ont désormais bien compris la nécessité de développer leur réseau thermique et l’utilisation d’énergie renouvelable. Elles prévoient d'importants investissements dans ce domaine au cours de ces prochaines années. Pour renforcer cette tendance, certaines villes osent adopter de nouveaux cadres réglementaires plus contraignants (ce qui est le cas de Genève par exemple).
 

Cependant, au vu de l'importance et de la durée des chantiers prévus, il faudra encore attendre plusieurs années avant de voir une amélioration significative dans les chiffres. Mais les décisions ont été prises, ou sont sur le point de l'être, la prise de conscience est générale, et un optimisme mesuré peut être de mise. 

 

Un objectif de neutralité carbone atteignable ? 
 

Un des avantages des indicateurs développés par Navitas Consilium, c'est de pouvoir analyser l'évolution sur le long terme des données publiées par les communes sur la consommation énergétique de leur parc bâti, puisque ces données seront régulièrement mises à jour sur les cartes interactives.
 

Avec, quand même, une grande question : cet objectif de neutralité carbone en 2050 est-il vraiment atteignable ? Plusieurs gros investisseurs immobiliers estiment en effet que c'est impossible.
 

Ce n'est pas l'avis de Gabriel Ruiz d’un point de vue énergétique. Certes, en Suisse, le parc bâti est souvent ancien, avec un mix énergétique qui dépend encore trop des énergies fossiles. Mais la technologie pour arriver à la neutralité carbone existe (autant en termes de modes constructifs que d’approvisionnement énergétique). La transition va prendre du temps, demander des efforts importants, les chantiers seront complexes, mais l'objectif est atteignable. Encore faut-il que l'on y mette les moyens. Humains et financiers. 

 

Un impact positif sur le développement économique suisse
 

Cette transition réalisée au pas de charge aura aussi un impact favorable sur l'économie suisse, estime Gabriel Ruiz, puisque les travaux de rénovations et les ressources énergétiques renouvelables, dans lesquelles il va falloir beaucoup investir si l'on veut arriver à la neutralité carbone, sont généralement locales. 
 

Des investissements - isolation de l’enveloppe, installations photovoltaïques, pompes à chaleur, chauffage à distance, nouveaux réseaux de distribution d'énergie pour le bâti, etc. - qui se feraient d'ailleurs essentiellement dans les villes, puisque, comme l'explique Navitas Concilium, ce sont les zones les plus peuplées du pays qui ont globalement le taux d'énergie renouvelable le plus faible du pays.
 

Olivier Toublan, Immoday