Diego Reyes de Dominicé: «La fusion pourrait être synonyme d'opportunité de croissance pour certains fonds»

30/05/2023

Olivier Toublan

Immoday

4 min

La fusion entre Credit Suisse et UBS pourrait, paradoxalement, augmenter la liquidité du marché, estime Diego Reyes, Senior Fund Manager chez Dominicé & Co – Asset Management. Et si la nouvelle donne est une source d'inquiétude pour les investisseurs, il ne faut pas oublier que le marché a déjà connu une situation semblable dans les années 2000.

 

Diego Reyes est responsable du fonds immobilier Dominicé Swiss Property Fund géré par Dominicé & Co – Asset Management, un gestionnaire d’actifs basé à Genève depuis 2003 et qui propose des produits d’investissement spécialisés en immobilier, en actions et en volatilité, ainsi que des services de gestion de fortune. Il commente à son tour les effets de la fusion entre Credit Suisse et UBS sur l'immobilier titrisé. 

 

Diego Reyes, que pensez-vous de la situation de l’immobilier titrisé, suite à la fusion entre Credit Suisse et UBS ? 
 

La fusion des deux plus grandes banques de Suisse entraîne un certain nombre d’incertitudes concernant l’avenir de la place financière helvétique et de son marché immobilier. Bien que l’impact sur ce secteur reste encore difficile à mesurer, il est clair que la reprise de Credit Suisse par UBS propulsera ce dernier au rang de plus grand propriétaire foncier de Suisse, détrônant ainsi l’assureur SwissLife. 

 

Quelle sera la taille de la nouvelle entité ? 
 

Une fois réunis, les fonds immobiliers détenus par Credit Suisse et UBS seront au nombre de quatorze. Sur base des chiffres disponibles à fin mars 2023, l’ensemble de ces fonds détiendra un parc immobilier de plus de 60'000 unités locatives, soit une fortune nette et une capitalisation boursière de respectivement 28.2 milliards de francs et de 32.9 milliards de francs, pour un volume moyen négocié au cours des douze derniers mois d’environ 317 millions de francs. UBS va devenir un véritable mastodonte sur le marché immobilier suisse.

 

Est-ce une source d’inquiétude ? 
 

Cette situation est sans aucun doute source d’inquiétudes pour les marchés financiers, ce qui se traduit actuellement par une volatilité accrue en Bourse. Toutefois, la fusion UBS - Credit Suisse devrait être synonyme d’opportunités de croissance pour les autres gestionnaires d’actifs et contribuer à une plus grande liquidité sur le marché des fonds immobiliers. En effet, soit pour des raisons règlementaires, soit par soucis de diversification, un certain nombre d’investisseurs chercherons à réduire leur exposition à une contrepartie unique.

 

Que faudrait-il faire pour assainir la situation ? 
 

Les modalités de la fusion n’étant pas encore communiquées, nous avons peu de visibilité quant à la stratégie et l’organisation future d’UBS, et notamment de ses activités de gestionnaire de fonds immobiliers en Suisse. Il convient également de suivre le positionnement de l’association des locataires qui ne voit pas d’un bon œil cette situation et qui réclame notamment l’application du droit de préemption des Communes et des Cantons. Ce scénario me semble toutefois difficilement défendable sous un angle juridique.

 

Faut-il laisser le marché agir ou préférer une intervention des autorités financières ? 
 

Le marché des fonds immobiliers a déjà connu une situation semblable dans les années 2000. De nombreux fonds avaient été fusionnés, entraînant ainsi le resserrement du nombre d’acteurs inclus dans l’indice. Il faudra suivre de près la réaction des marchés financiers au cours des mois à venir et analyser le comportement des principales parties prenantes de ce marché de la titrisation immobilière en Suisse, qui je le rappelle reste un actif sûr et tangible en temps de crise.

Olivier Toublan, Immoday