Interview '5 minutes avec' - Philippe Lathion

08/03/2021

Immoday

Rédaction

3 min

Pour l'interview '5 minutes avec' nous recevons aujourd'hui Philippe Lathion, Président de la SICAV Mountain Resort.

 

'5 minutes avec' est une série d’interviews destinées à faire connaitre les acteurs de la titrisation immobilière en Suisse.
 

Monsieur Lathion, parlez-nous un peu de vous. 

Mon activité principale est celle d’expert-comptable, spécialiste en finance et controlling et suis associé d’une fiduciaire. Professionnellement, je suis quelqu’un qui aime porter des projets. Assez créatif, je suis plutôt entrepreneur et j’aime travailler en équipe. Je préfère mobiliser des collaborateurs autour d’un objectif plutôt que d’être dans un modèle de direction « top down ». Ma manière d’être consiste plutôt à viser, partager et atteindre ensemble un objectif commun.

 

Peut-être un mot sur votre parcours professionnel ?

J’ai étudié la finance et le controlling, puis suis devenu expert-comptable diplômé. J'ai commencé il y a trente-cinq ans dans une fiduciaire à Genève. J’ai ensuite rejoint deux directeurs de révision de Gestoval pour créer une fiduciaire et j’y suis resté depuis. Par le jeu des rapprochements et des fusions, cette fiduciaire est devenue Duchosal Berney. J’ai toujours travaillé dans ce domaine, mais j’ai eu en parallèle une importante activité touristique puisque j’ai présidé une société de remontées mécaniques en Valais pendant 20 ans.

 

Et à la ville, qui êtes-vous ? 

Encore une fois, le même qu’au travail… Je pense qu’il faut toujours essayer d’être plus ou moins la même personne quelles que soient les circonstances.
 

Je suis un Valaisan à Genève. Je suis né en Valais, à Nendaz. J’y ai fait toutes mes écoles jusqu’à l’âge de vingt ans, avant de partir pour Lausanne puis Genève… le parcours classique de nombreux Valaisans après leurs études. Côté passions, là aussi rien d’original pour un Valaisan, puisque j’aime la montagne sous toute ses formes, à travers la marche, le ski, la peau de phoque, la randonnée. J’aime aussi voler, en planeur, en avion ou en hélicoptère.

Quel rôle joue Duchosal Berney dans l'industrie de l'immobilier indirect en Suisse ?

La fiduciaire en tant que tel ne joue pas un rôle direct. On a beaucoup de client dans l’immobilier, on connaît bien ce secteur là…  En revanche j’ai, du fait de mon expérience touristique, créé un fonds immobilier dont la stratégie est le financement d’une chaîne de resorts touristiques dans l’arc alpin suisse. C'est là que je joue un rôle direct dans l'immobilier indirect.

Comment décririez-vous le marché de l'immobilier indirect aujourd'hui en Suisse ? Sa situation, ses forces et ses faiblesses ?

Je pense que le marché de l'immobilier indirect a un très bel avenir en Suisse parce qu’il est relativement difficile aujourd’hui de financer un certain type d’immobilier par du financement classique. Typiquement l'hôtellerie, les resorts touristiques, mais aussi certains biens industriels où on a de la peine avec un financement classique. Et puis l'immobilier indirect permet surtout de réunir des investisseurs multiples autour d'un portefeuille immobilier diversifié… parce que construit dans différentes régions, différents secteurs, tailles, caractéristiques, etc. Et c'est là tout l'intérêt de l’immobilier indirect : pouvoir construire un vrai portefeuille immobilier équilibré, diversifié, avec une rentabilité que vous partagez entre les investisseurs… tout en mutualisant le ticket d’entrée afin de le rendre accessible.
 

Dans mon secteur d'activité (ndlr : l’immobilier touristique), la taille critique est essentielle. Si vous avez un resort, c'est-à-dire une centaine d'appartements gérés avec une structure hôtelière, accueil, spa, magasin de sport… avec un seul établissement, la rentabilité sera beaucoup plus faible, alors que tout peut être mutualisé si vous en avez dix… commercialisation, outil informatique, gestion des bâtiments, approvisionnement… Et c’est là que vous commencez vraiment à être rentable. Et ça vous pouvez difficilement le faire en ayant un investisseur par objet. C’est tellement plus facile d'avoir un véhicule de placement pour réunir des investisseurs qui partagent la même vision sur le long terme et qui disent « c'est bon pour moi, je connais le sous-jacent et je sais dans quoi j’investi ».
 

Par ailleurs, la spécificité de cet immobilier touristique est d’être relativement décorrélé de l’immobilier classique résidentiel ou professionnel. Ce qui est aussi intéressant quand on cherche à diversifier son portefeuille.

 

Quelle est votre vision pour cette industrie à court et moyen terme ? Des enjeux particuliers, vos attentes par rapport à l’industrie ?

L'industrie touristique, en Suisse, a un énorme potentiel. On a énormément développé la résidence secondaire avec un modèle de croissance basé autour du propriétaire de ces biens. Et on s'est petit à petit détourné de notre tradition hôtelière et donc du vacancier. Aujourd'hui, recréer un produit résidentiel avec comme idée de vendre une expérience touristique globale et unique au client plutôt que simplement le louer est un modèle d'affaires qui a toute sa place en Suisse. Et si vous le faites sur plusieurs destinations, alors vous pouvez rapidement devenir le leader du marché. Comme Pierre & Vacances en France. Ça n’existe pas encore en Suisse et, du coup, c’est une opportunité !

 

Aujourd'hui Mountain Resort c’est combien de resorts ?

Quatre resorts et douze projets. Donc je pense qu'on peut assez rapidement atteindre la taille critique. En ce qui concerne les projets, certains sont en cours d’autorisation, certains à un stade de pré-étude et pour d’autres dans un stade avancé de demande de permis de construire.  Mais il faut être conscient que, dans l'immobilier comme vous le savez, les permis de construire prennent toujours un certain temps. Surtout en Suisse avec la nouvelle LAT, la Lex Weber ou la Lex Koller qui amènent chacune leurs lots de contraintes… un vrai parcours du combattant jusqu'à l'obtention d’un permis qui peut prendre de deux à trois ans. C'est pour ça qu'on travaille tous ces projets en parallèle, pour qu'ils puissent sortir les uns après les autres.

 

Et si vous deviez regardez derrière vous, est-ce qu’il y a des choses que vous aimeriez changer ?

Franchement non… je referais les mêmes erreurs (rires) ! Je ne vois pas vraiment ce que je voudrais faire différemment. Je pense que l’on saisit ses opportunités. Il y a des fenêtres ouvertes pour des opportunités à un moment donné et ça ne sert à rien de se dire après coup ce qu’on aurait fait de mieux ? Je ne suis pas tellement à regarder en arrière et à me demander ce que j’aurais pu faire de mieux. Je préfère regarder devant moi et me demander ce que je pourrais mieux faire !

 

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Juin 2020