Le CECB, un certificat énergétique finalement bien utile

20/09/2022

Immoday

Olivier Toublan

3 min

 

Si les professionnels de l'immobilier ont pesté quand l'État leur a imposé le label énergétique CECB, il y a 5 ans, aujourd'hui ils sont convaincus de son utilité. Ce label est devenu un outil indispensable pour tout nouveau projet immobilier, et un bon moyen de contrôle du respect des objectifs de consommation énergétique.


Les labels énergétiques sont devenus omniprésents aujourd'hui, dans tous les pays d'Europe, pour bon nombre de produits, entre autres électroniques. Ils sont aussi utilisés en Suisse, dans certains cantons comme Vaud, lors des transactions immobilières. Si les professionnels du secteur avaient jadis émis quelques doutes au sujet des certificats CECB, ils semblent aujourd'hui convaincus de leur utilité comme l'explique Emanuel von Graffenried, spécialiste de la valorisation de l'immobilier existant, Associate Director, Building Consultancy, chez CBRE, le leader mondial en conseil immobilier.

 

Emanuel von Graffenried, en résumé, le CECB, c’est quoi ?

 

Le Certificat énergétique cantonal des bâtiments (CECB, GEAK en allemand), permet de faire le bilan énergétique de son objet. Il est comparable à l'étiquette-énergie que l’on trouve sur divers appareils électroménagers ou sur certaines voitures. Il s’agit d’un document officiel des cantons. Le CECB est basé sur une méthode de calcul uniforme. Les mêmes critères et valeurs de calcul s'appliquent dans toute la Suisse. Depuis le premier janvier 2017, dans le canton de Vaud, ce CECB est même obligatoire en cas de vente d’un bâtiment d’habitation existant ou de remplacement d’une installation de chauffage.

 

Pour tous les types de bâtiments ?

 

L’établissement d’un CECB est possible aussi bien pour les immeubles résidentiels que pour les bâtiments administratifs ou scolaires, les hôtels, les commerces ou les restaurants. D'autres bâtiments plus complexes tels que les hôpitaux, les piscines couvertes ou les laboratoires nécessitent toujours une évaluation individuelle.

 

Cinq ans après son instauration, ce certificat est-il utile ?
 

Incontestablement. C’est aujourd’hui l'instrument d'évaluation et de conseil le plus efficace en Suisse pour les immeubles. Dans ma spécialité, les rénovations, il permet de savoir où on en est avant le début d’un projet, de fixer des objectifs avec le propriétaire et le maître d’ouvrage et de vérifier par la suite si ces objectifs ont été atteints. Bref, c’est rapidement devenu un outil indispensable pour tout le secteur.

 

Y compris pour les investisseurs ?
 

Ils utilisent ce certificat pour connaître l’efficience énergétique de leur parc, même s’ils n’ont pas l’intention de vendre des immeubles, ou celle des bâtiments qu’ils veulent acquérir. D’ailleurs, un mauvais certificat refroidit désormais plus d’un investisseur potentiel.

 

A ce sujet, certains se spécialisent dans l’achat de passoires énergétiques pour les rénover, est-ce une bonne idée ?
 

Ca peut l’être, mais c’est une stratégie sur le long terme, qui demande de la persévérance, des compétences et des moyens financiers conséquents.

 

Combien coûte un certificat CECB ?
 

L'expert CECB établit une offre spécifique pour la création du certificat en fonction du bâtiment. Il est donc recommandé de demander un devis à l'avance. Dans les usages le devis dépend de la taille et de la difficulté de l’immeuble à certifier. En moyenne, de 600 à 1’500 francs pour une maison, de 1’000 à 3000 francs pour un immeuble. Pour établir le certificat, il y a une visite de site, puis un rapport est remis au propriétaire. S’il opte pour le CECB Plus, il bénéficiera aussi de conseils pour améliorer sa note énergétique, et de propositions chiffrées de rénovation. Un CECB Plus (rapport conseil) est obligatoire pour les subventions de plus de 10 000 francs par le Programme Bâtiments.

 

Combien de temps le certificat est-il valable ?
 

Dix ans, pour autant que l'installation de chauffage et l'enveloppe du bâtiment n'aient pas été modifiées depuis l'établissement du certificat. Il faut bien comprendre que le CECB note l’efficience énergétique d’un bâtiment à un moment donné. Dix ans plus tard, tellement de choses ont changé qu’un nouveau certificat est nécessaire.

 

On trouvait déjà de tels certificats énergétiques un peu partout en Europe, la version suisse est-elle comparable ?
 

Comme souvent, la Suisse a décidé de mettre en place son propre système d’évaluation, qui n’est donc pas strictement comparable avec ceux que l’on trouve en France, par exemple le « DPE » Diagnostic de performance énergétique, même si, au final, on y utilise grosso modo les mêmes méthodes pour arriver à des résultats comparables. Bien que les objectifs 2030 de l’accord de Paris soient globaux, les normes sont, elles, très locales, et le CECB est basé sur la norme SIA 380/1, purement helvétique.
 

Olivier Toublan, Immoday