Naef s'allie avec Knight Frank

03/11/2022

Olivier Toublan

Immoday

5 min


La vénérable régie genevoise Naef vient d'annoncer un accord de collaboration avec le géant anglais de l'immobilier Knight Frank. Dans l'optique de travailler avec des grands investisseurs internationaux intéressés par le marché immobilier suisse.

 

Naef, dans le monde de l'immobilier romand, tout le monde connaît. Le groupe, qui a fêté ses 140 ans en 2021, est présent dans la région lémanique avec plus de 400 collaborateurs, répartis dans 8 agences, qui maîtrisent toutes les facettes du métier, de la gérance traditionnelle au courtage, en passant par l'expertise immobilière, le suivi de projets ou l'aide à l'investissement. Naef, c'est plus de 3000 immeubles sous gestion et plus de 800 millions d'états locatifs gérés.
 

Mais Naef, malgré ses velléités d'extension dans toute la Suisse, reste une entreprise immobilière régionale, pas suffisamment présente sur la scène internationale pour être sur le radar des grands investisseurs internationaux. D'où l'intérêt de l'accord qui vient d'être conclu avec le géant anglais de l'immobilier Knight Frank, 126 ans d'existence, plus de 16000 collaborateurs, actif dans une multitude de métiers, dans tous les domaines de l'immobilier, environ 500 bureaux dans presque 60 pays. Bref, un véritable poids lourd.
 

Concrètement, le département Naef Investissement & Commercial, une équipe d'une douzaine de spécialistes qui s'occupe principalement de la location de surfaces commerciales et de la vente d'immeubles, est rebaptisé Naef Commercial Knight Frank. Il reste sous la direction de Jacques Emery et vient d'engager Neil Hadi en tant que responsable vente et location de l'immobilier commercial et d'investissement. Ce dernier répond à nos questions sur ce nouveau partenariat.

 

Neil Hadi, pourquoi ce partenariat avec Knight Frank ?
 

Essentiellement parce qu'il nous donne une envergure et une visibilité internationale alors que Naef Investissement & Commercial était jusqu'à aujourd'hui surtout reconnu par des investisseurs locaux. Pourtant, les services que nous proposons peuvent intéresser les investisseurs du monde entier. D'ailleurs, depuis cet accord de collaboration, j'ai eu plusieurs rendez-vous à l'étranger avec de gros institutionnels intéressés par le marché suisse, avec des demandes très spécifiques.

 

Allez-vous garder l'équipe existante, ou les gens de Knight Frank vont venir prendre le contrôle à Genève ?
 

Non, nous conservons l'équipe existante, avec nos trois pôles de compétences, à Neuchâtel, Lausanne et Genève, que je vais désormais superviser. Personne ne viendra de Londres. En revanche, nous allons travailler en étroite collaboration avec les équipes de Knight Frank.

 

Pourquoi est-ce qu'un groupe aussi gros a besoin de vous pour s'établir en Suisse ?
 

Parce que Naef, qui est un des plus anciens acteurs immobiliers de Suisse, avec 140 ans d'expérience, leur apporte une connaissance du marché local et un réseau régional qu'ils n'ont pas. Nous leur apportons également nos valeurs d’éthique et notre engagement dans le développement durable, qui sont dans l'ADN de Naef.

 

Le développement durable, ça intéresse vraiment les investisseurs étrangers ?

C'est un critère qu'il est devenu impossible d'ignorer. Plusieurs récentes études ont montré que, du moins pour les bureaux, les locataires étaient désormais suffisamment sensibles aux problématiques ESG pour faire un effort sur les loyers. Et le phénomène, sous la pression des employés, va s'amplifiant. Donc, d'un point de vue très pragmatique, si vos bâtiments ne sont pas durables, vous risquez de voir vos locataires s'en aller et le taux de vacance grimper. Dès lors, en tant qu'investisseur, que vous soyez convaincu ou non, si vous voulez garantir vos rendements à long terme, vos bâtiments doivent devenir durables.

 

À l'inverse, pourquoi est-ce que Naef a besoin de Knight Frank pour convaincre des investisseurs internationaux ?
 

Knight Frank nous apporte son immense réseau, mais aussi un certain nombre de processus qui ont assis leur réputation auprès des grands investisseurs internationaux. Nous allons profiter de leur expérience et de leur savoir-faire pour garantir aux professionnels de l'immobilier titrisé la qualité des services et les compétences qu'ils exigent de leurs partenaires.

 

Quels sont ces services que vous allez leur proposer ?
 

La valorisation des actifs mis en vente, la mise en valeur de leurs surfaces, par exemple en trouvant des locataires pour des objets dont ils sont déjà propriétaires en Suisse, et du conseil et de la recherche en vue d'acquisitions. Nous avons, par exemple, un mandat d'un grand groupe international actif dans le retail qui cherche à s'établir dans notre pays.

 

Olivier Toublan, Immoday