Interview 'COVID 19' - Grégoire Genolet, responsable des investissements immobiliers indirects de la BCGE

16/06/2020

Rédaction

4 min

Pour l’interview « COVID-19 » d’aujourd’hui, nous accueillons Grégoire Genolet, responsable des investis-sements immobiliers indirects de la BCGE.

 

Monsieur Genolet, comment allez-vous et où vous trouvez-vous actuellement ?

 

Je vais bien, durant le pic de la crise j’ai pu travailler en home office au calme et de manière efficace. Depuis le 18 mai, la plupart des employés sont de retour au bureau.

 

Pouvez-vous nous le dire en quelques mots qui vous êtes au bureau et dans la vie ?

 

Je suis responsable depuis 2016 des investissements immobiliers indirects à la Banque Cantonale de Genève. Je gère le fonds de placement « Synchrony Swiss Real Estate Economy Fund of Funds » ainsi que des mandats immobiliers suisses et internationaux.

 

Dans la vie je suis un homme comblé avec une merveilleuse femme et un petit garçon de 5 mois.

 

Quel rôle joue la BCGE dans l’industrie de l’immobilier indirect en Suisse ?

 

La Banque Cantonale de Genève est banque dépositaire pour le fonds immobilier la Foncière. Par ailleurs, le fonds de fonds immobilier Synchrony a été lancé en septembre 2016.

 

Comment vous êtes-vous organisé pour faire face à la crise du coronavirus ?

 

Mon employeur a demandé d’opérer temporairement par télétravail et cela a parfaitement fonctionné. Le grand changement ce sont les rendez-vous qui se font de manière téléphonique. Je trouve toutefois le mode opératoire moins intéressant, surtout pour les nouveaux contacts, la rencontre physique permet de créer un lien d’empathie que le téléphone n’offre pas.

 

Selon vous, quel sera l’impact de cette crise sur le secteur immobilier et sur la titrisation immobilière en particulier ?

 

La crise a ralenti et repoussé certains projets de développement et de rénovations. Les ventes ont forte-ment souffert de cette période de confinement. Les grands acteurs vont reprendre leurs activités rapide-ment, alors que la reprise des ventes de PPE se fera de manière plus progressive.

 

Parallèlement, la conjoncture actuelle a mis en évidence le fait qu’un investissement dans l’immobilier indirect est certes un investissement dans la pierre, mais dans une pierre cotée avec une volatilité proche de celle des actions. Je ne pense pas que l’intérêt des investisseurs pour l’immobilier indirect ait changé, au contraire, il reste un moyen de diversification et de rendement intéressant par rapport aux actions et aux obligations. Il est devenu une classe d’actif indispensable dans un portefeuille.

 

Photo 1.jpgL’immobilier indirect, toujours une valeur refuge ?

 

On ne peut pas parler de valeur refuge comme le serait le franc suisse ou les obligations de la Confédération. L’immobilier est inversement et mécaniquement corrélé aux taux. Il est aussi dépendant de l’offre et de la demande de surfaces de bureaux ou de logements. Par ailleurs, un fonds immobilier commercial est plus cyclique que le résidentiel. Récemment on a pu constater que les fonds immobiliers résidentiels sont ceux qui ont fortement rebondi, tout comme les valeurs défensives du SMI.

 

Quelles sont pour vous les perspectives pour l’industrie au 31 décembre 2020 ?

 

Le potentiel haussier est devenu limité pour les fonds résidentiels, un effet de rattrapage pourrait se concré-tiser pour les fonds commerciaux, si l’économie repart et que le nombre de faillites est limité.

 

Des risques en particulier ?

Ou a contrario des opportunités ?

 

Les opportunités sont à chercher dans les fonds commer-ciaux, le résidentiel étant bien valorisé. À long terme, il s’agit d’estimer l’impact sur les habitudes des consom-mateurs (e-commerce vs commerce de détail) ainsi que du télétravail pour les surfaces de bureaux.

 

Le résidentiel pourrait également souffrir si les frontières se referment dans le temps ce qui limiterait l’immigration et la demande de logement. Par ailleurs, si la crise perdure de nombreux locataires ayant perdu leur emploi pourraient ne plus pouvoir payer leur loyer.

 

Et à titre personnel… Est-ce que cette crise va changer quelque-chose dans votre vie ?

 

Le grand changement a été la découverte du télétravail. J’espère personnellement que cette manière de travail-ler perdurera après l’épidémie dans la mesure où cela n’affecte en rien la qualité de travail.

Immoday - Propos recueillis par Marc-Henri Bujès le 16 juin 2020