Les zones à bâtir non construites restent nombreuses en Suisse

23/04/2023

Immoday

Olivier Toublan

5 Min

En Suisse, la surface des zones à bâtir est restée quasi stable au cours des cinq dernières années. La part des zones à bâtir non construites représente entre 10 et 16% du total. Ce qui permettrait à la Suisse d'accueillir encore 1,6 million d'habitants.

 

On le sait, actuellement, en Suisse, le mot d'ordre est à la densification. Le territoire est mité, les zones à bâtir se font rares, il n'y a pas d'autre solution. D'accord sur le principe, mais quand on examine les chiffres avec attention, on se rend compte que les zones à bâtir non construites restent encore importantes en Suisse. C'est du moins ce qui ressort d'un récent rapport publié par l'Office fédéral de la statistique (OFS), qui non seulement permet de savoir quelle est l’étendue des zones à bâtir mais aussi comment elles sont réparties sur l’ensemble du territoire et quelle a été leur évolution au cours des dernières années. "Par ces données, notre étude indique si le développement territorial en Suisse a atteint ses objectifs, soit limiter l’extension des surfaces urbanisées et développer l’urbanisation à l’intérieur du milieu bâti", résume l'OFS.

 

Stabilité des zones bâties ces 5 dernières années 
 

Pour faire court, on peut affirmer que ces objectifs ont été atteints. Effectivement, la superficie totale des zones à bâtir, si on la calcule sur les mêmes bases, n'a quasiment pas bougé entre 2017 et 2022. "Les cinq affectations principales les plus importantes (zones d’habitation, d’activités économiques, mixtes, centrales et affectées à des besoins publics), qui représentent 93% de la totalité des zones à bâtir, ont conservé la même superficie", assure l'OFS. Pour être précis, entre 2017 et 2022, la surface des zones à bâtir, utilisées ou pas, a augmenté de seulement 1 % pour atteindre environ 234 000 hectares. 
 

Encore plus précisément, près de la moitié des zones à bâtir sont des zones d’habitation (46%). Les zones d’activités économiques, les zones mixtes, les zones centrales et les zones affectées à des besoins publics représentent ensemble une part environ équivalente (45%), alors que les autres affectations jouent un rôle mineur (9%).

 

La densification est devenue une réalité
 

Ces 5 dernières années, la population a continué d'augmenter. Depuis 2012, le nombre d’habitants qui résident en zone à bâtir a passé de 7,4 à 8,3 millions, a calculé l'OFS. Autrement dit, sur une surface pratiquement identique vivent beaucoup plus de personnes. "Chaque habitant utilise aujourd’hui une surface moins importante qu’il y a cinq ans pour son quotidien privé et professionnel. En moyenne, un habitant a actuellement besoin de 282 m2 de surface de zone à bâtir, contre 291 m2 il y a cinq ans et 309 m2 il y a dix ans."
 

Logiquement, les nouvelles constructions sont aujourd’hui plus grandes ou plus hautes, afin de mieux utiliser les zones à bâtir. Cela vaut aussi bien pour les zones à bâtir déjà construites que pour celles qui le sont nouvellement, analyse l'OFS. Sachant que, près de 8,3 millions d’habitants et habitantes sur les 8,7 millions que compte la Suisse au total (95%) résident dans une zone à bâtir.

 

Les zones à bâtir non construites représentant 10 et 16% du total
 

On trouve d'autres choses intéressantes dans ce rapport de l'Office fédéral de la statistique, comme le fait que la part des zones à bâtir non construites représente entre 10 et 16% du total. En légère baisse ces 10 dernières années, puisqu'en 2012 elle représentait entre 12 et 18 %. "Par rapport à la statistique précédente, une surface de 5300 à 6800 hectares a été construite". Ce qui correspond à un peu plus de la superficie de la ville de Berne.
 

Ces zones à bâtir non construites peuvent sembler importantes, mais le problème, comme le relève l'OFS, c'est qu'elles sont souvent mal situées. "Leur mauvais emplacement constitue même un grand défi pour les cantons et les communes". 
 

En outre, une grande partie de ces zones non construites ne dispose pas d'une bonne desserte par les transports publics. Reprenons les statistiques publiées par l'OFS : Près de 45% des zones à bâtir en Suisse bénéficient d’une bonne desserte. Un chiffre en amélioration constante. Dans 32% des zones à bâtir, la desserte par les transports publics est faible et dans près d’un quart, elle est marginale, voire inexistante.

 

La Suisse pourrait encore accueillir 1,6 millions d'habitants
 

Finalement, ces zones à bâtir non construites sont, pour un gros tiers, des zones d’activités économiques. Un autre petit tiers est constitué des zones d’habitation et des zones mixtes. 

En outre, près de la moitié des zones à bâtir actuellement non construites se trouvent en milieu urbain, un peu plus d’un quart en milieu périurbain et un quart en milieu rural.
 

Revenons, pour terminer, aux calculs de l'OFS : "dans l’hypothèse où les zones à bâtir encore non construites seraient utilisées entièrement avec les mêmes densités qu’actuellement, elles offriraient de la place pour 0,9 à 1,6 million d’habitants et habitantes supplémentaires". Au rythme actuel de la croissance de la population, cela nous donne une vingtaine d'années de répit. Ce qui n'est finalement pas beaucoup. Ensuite, la seule solution va être de densifier encore plus.

Olivier Toublan, Immoday